Focus sur quelques oeuvres

 

Luigi Boccherini (1743-1805) est un compositeur italien de la période classique.  Il a étudié la musique à Rome et a travaillé pour divers mécènes en Italie avant de s’installer en Espagne en 1768, où il est devenu musicien de la cour royale. Il est

surtout connu pour son travail dans le domaine de la musique de chambre, notamment pour ses quintettes à cordes, avec deux violoncelles. Le fandango est une danse populaire andalouse instrumentale qui peut être accompagnée au chant. Le Quintette en ré majeur G. 448 dit « du Fandango », écrit en 1788, est l’un des plus célèbres parmi les huit qu’il a composés. De sa merveilleuse pastorale à son enivrant finale, plein de fuego et de furia hispaniques, ses trois mouvements, issus des quintettes à cordes opus 10 no 6 et opus 40 no 2, sont remarquables. 


Manuel de Falla (1876-1946), compose les Sept chansons populaires espagnoles, à son retour d’un séjour en France au cours duquel il a rencontré Debussy, Ravel et Dukas. Le poète

Federico Garcia Lorca, ami du compositeur, a utilisé la Sixième pièce, Chanson, dans plusieurs de ses recueils sous des titres différents, Los cuatro muleros et Los pelegrinitos. Ces Sept chansons sont interprétées dans une version pour violoncelle et alto. À travers ces airs, on sent battre le coeur de l’Espagne.


Joachim Rodrigo (1901-1999) a composé de nombreuses pièces pour guitare, cinq concertos et une fantaisie pour guitare et orchestre. Sa musique se caractérise par une utilisation habile de la mélodie, de l’harmonie et du rythme, exprimant des émotions

profondes et des paysages sonores d’une grande richesse. Le Concerto d’Aranjuez pour guitare et orchestre est considéré comme l’un des chefs-d’oeuvre de la musique classique espagnole.

Le premier mouvement est une danse rythmée évoquant l’ambiance festive d’Aranjuez, avec des motifs de guitare rappelant le flamenco. Le deuxième mouvement est plus lent et mélancolique. Le troisième mouvement est une rhapsodie brillante et virtuose, pleine de joie et d’énergie. Le magnifique thème principal a souvent été repris et réinterprété par des artistes de

jazz et de variétés 


Edvard Grieg (1843-1907) a écrit la Suite Holberg, pour piano seul avant de l’orchestrer pour des cordes, dans le style  des danses anciennes du XVIIe siècle. Après un prélude dansant, on y rencontre une sarabande, une gavotte, un air et un rigaudon marqué par des pizzicati. Sur l’ensemble de cette suite, on oscille entre une liberté mélodique et un style respectueux d’un ordonnancement. On reconnaît la pâte de Grieg, associant les rythmes des musiques populaires norvégiennes à son propre langage musical qui s’exprime dans ses nombreuses mélodies tout au long de ses années créatrices, faisant de cette pièce «une oeuvre délicate et sensible, écho charmant d’un passé resongé» (Michel Parouty).


Bohuslav Martinů (1890-1959) entre complètement dans la musique contemporaine de la première moitié du XXe siècle où il tient une place particulière. Plutôt indifférent à la révolution sérielle de Schönberg et de ses disciples, il a tracé sa route en dehors des courants qui se sont succédés tout au long de cette période. Son corpus compte près de 400 oeuvres. Composé aux États-Unis en 1947, le Quatuor pour hautbois, violon, violoncelle et piano échappe à toute classification. Il ne comporte pas trois ou quatre mouvements comme d’habitude, mais simplement deux. Tous les deux sous le signe d’une alacrité rythmée non seulement par le piano, mais aussi par la verdeur du hautbois et la vigueur des deux instruments à cordes qui participent à la vivacité et la vitalité des mouvements. Il accueille des senteurs de musique populaire tchèque qui s’immiscent ici et là, contribuant au dynamisme harmonieux, au charme et à l’allégresse de la partition. Parfois les quatre instruments s’apaisent dans un chant lyrique. Martinů aimait les ensembles insolites en mélangeant les timbres des instruments qu’il avait retenus.


Ces compositeurs se sont inspirés des richesses musicales populaires de leur nation

pour les intégrer à leur propre langage. On retrouve cet engouement chez beaucoup

d’autres musiciens comme Moussorgski en Russie, Bartók et Kodaly en Hongrie,

Enesco en Roumanie, Janáček en Tchécoslovaquie, Sibelius en Finlande, Vaughan

Williams en Angleterre, entre autres. Il ne s’agissait pas pour eux d’une adoration

d’un « âge d’or musical », mais d’ouvrir des pistes inexplorées jusqu’alors, de trouver

des rythmes et des tournures mélodiques aptes à revivifier le langage musical utilisé

par la plupart des musiciens de leur époques