Aimez-vous Bartók ?

Jusqu’au milieu du XXe siècle, en France, on posait souvent la question : « Aimez-vous Brahms ? », tant sa musique paraissait éloignée des goûts de l’époque. Et la réponse était rarement positive, si bien que Françoise Sagan utilisa cette formule pour baptiser son roman qui eut son heure de célébrité.

 

On s’interroge parfois de la même manière à propos de Bartók (né en 1881) même si on le considère comme un grand classique du XXe siècle, au même titre que Debussy, Stravinsky ou Schoenberg.

 

Cet homme droit et intègre a passé, selon ses propres dires, les plus beaux moments de sa vie au milieu de villageois à collecter chants et musiques populaires, non seulement dans son pays, la Hongrie, mais également en Slovaquie, Roumanie, Ukraine, Algérie, Turquie, montrant une belle ouverture d’esprit à un moment où, en Allemagne, en Italie et en Espagne, on stigmatisait des groupes humains. Les œuvres de Bartók respirent cette musique populaire, sans l’imiter, mais en intégrant certains rythmes, timbres, tournures mélodiques ou techniques. Sa musique procède d’un « folklore imaginaire », comme l’a défini le musicologue Serge Moreux.

 

Son Quatrième quatuor à cordes, composé en 1928, répond à une structure en « arche ». Il est en effet constitué de cinq mouvements, fonctionnant par paires qui entourent le troisième mouvement, axe central de l’œuvre. Ainsi, les mouvements n°1 et 5 obéissent à un même tempo, allegro, de même que les n°2 et 4, proches par leur caractère et leur atmosphère, bien que de techniques différentes (le quatrième est joué dans son intégralité en pizzicato). Quant au mouvement central, pivot de l’œuvre, il développe un beau chant de violoncelle plongé dans  l’écrin soyeux des cordes plus aigües.

 

Les opus pour piano, l’Allegro barbaro (1911) et la Suite BB 70 (1916) témoignent de l’aspect percussif de l’instrument.

Les Mikrokosmos, ensemble de 153 piécettes destinées à l’apprentissage du piano, regorgent d’airs et de rythmes inspirés de la musique populaire.

 

En 1940, refusant toute compromission, Bartók quitte la Hongrie dont les dirigeants sont alliés avec les Nazis criminels et il s’exile aux Etats-Unis où il meurt en 1945.  

 

Le vendredi 23 août, les musiciens ouvriront grandes les portes de la musique hongroise du XXe siècle. En plus de Béla Bartók, ils dévoileront les œuvres de Zoltan Kodaly, György Ligeti, György Kurtág et Ernö Dohnányi des pièces peu connues et pourtant attachantes et représentatives des diverses tendances de la musique de ce petit pays si musicien. 

 

A la fin de cette soirée, répondrez-vous affirmativement à la question « Aimez-vous Bartók ?» Nous en sommes persuadés.